• Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

     

    Philippe le Bon est né à Dijon, le 31 juillet 1396. Enfant il va  séjourner à Rouvres, dans le château familial qui se trouve dans la plaine de la Saône, à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Dijon, puis suivre ses parents tout d’abord à Paris et enfin à Gand, au Prinsenhof, où il va passer l'essentiel de sa jeunesse. Il se familiarise rapidement aux mœurs et à la langue de ses sujets et dispose d'ailleurs de précepteurs flamands.

     

               Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

    (Paris, musée du Louvre). Troisième duc de Bourgogne de la Maison de Valois. Le duc de Borgogne, Philippe III, âgé d’une cinquantaine d’années, est vu de trois quarts, tourné vers la droite. Il est habillé de noir, porte le collier de l’Ordre de la Toison d’Or et une croix dans l’échancrure de sa tunique ; il tient un rouleau à la main. Sa tête est coiffée du chaperon à l’écharpe pendante. Ce portrait, contemporain de la miniature des « Chroniques de Hainaut » est une réplique d’un original disparu de Rogier van der Weyden ; 

    À quinze ans à peine, son père, Jean Sans Peur lui confie le gouvernement de la Flandre et de l'Artois. Il a 21 ans quand son père est assassiné sur le pont de Montereau. Pour le jeune homme, c’est un choc. Il doit alors assumer très rapidement une succession très lourde.

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

    D'un caractère résolu, d'un cœur ardent, d'une âme fière dans sa force et dans sa sensibilité, il prend aussitôt le gouvernement de ses vastes Etats et décide de s’allier aux Anglais en réponse au crime perpétré sur son père par des proches du dauphin de France, futur Charles VII.

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

    Il saura s’entourer de conseillers éclairés comme  Nicolas Rolin, chancelier de Bourgogne de 1422 à 1462 et Jean Chevrot en tant que chef du conseil ducal.

               Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon  Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

     

    Sa santé sera vacillante à la fin de sa vie. Diminué, il continue à exercer quelques responsabilités mais confie la lieutenance générale de ses Etats à son fils Charles le Téméraire.

    Le 12 juin 1467, Philippe de Bourgogne, tombe gravement malade. Il séjourne alors au prinsenhof à Bruges. La maladie fit de si rapides progrès que le lundi, 15 du même mois, tout espoir de guérison était perdu.

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

    On prévint en toute hâte Charles, fils du duc, son futur successeur. Celui-ci, qui était à Gand, arriva assez tôt pour recueillir le dernier soupir «de son père, mais trop tard pour entendre ses dernières paroles.».

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

    Le 15 juin 1467, le grand-duc d’Occident Philippe le Bon rend son dernier souffle à « neuf heures de vêpres »  soit vers 21 heures du soir.

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

    II est alors âgé de 71 ans. Il laisse un héritage considérable : des Etats bien sûr mais aussi 100000 écus d'or, 1000 marcs d'argent et pour 2 millions d'effets. Sa descendance est nombreuse car on lui reconnait jusqu'à 30 bâtards.

    Selon un  de ses serviteur, Philippe le Bon :« […] se couchat en bon point à l’advis d’un chascun, quant vint à deux heures après minuyt, luy survindrent une grant quantitez de flemmes environ la gorge par lesquelles il fut si oppressé que l’on cuidoit que à celle heure il deust morir, et luy en fist l’on saillir hors beaucop par luy mettre la main en la gorge souvent, parquoy il fut fort traveillé […] »

    Ce texte décrit précisément les signes de l’œdème aigu pulmonaire, syndrome qui se caractérise par une accumulation de liquide dans les poumons. Il se manifeste le plus souvent de nuit chez des patients âgés de plus de 65 ans, et débute par une toux, un essoufflement intense et une expectoration abondante.

    La détresse respiratoire est le symptôme majeur de l’œdème pulmonaire aigu et c’est d’ailleurs ce signe qui a marqué particulièrement l’apothicaire : son maître, nous dit-il, « fut si oppressé que l’on cuidoit que à celle heure il deust morir » et « ne pouvoit anélité que par très grande violence », « laborant à l’extrêmité de la mort ». Il insiste aussi sur « la grande quantité de flemmes environ la gorge », ce « fluz de flemmes qui lui oppilèrent les conduiz », l’évacuation abondante de mucosités étant l’autre symptôme spectaculaire de cette affection.

    L’œdème aigu du poumon est généralement d’origine cardiaque, ce qui pourrait correspondre au profil de notre illustre patient qui semblait pouvoir présenter une fragilité cardiovasculaire, en raison de son âge (71 ans), d’un embonpoint marqué : comme le dit notre rapporteur il était « fort gras sur les costes deux dois de graisse », et de ses probables antécédents d’accidents vasculaires cérébraux en 1465 et 1466.

    Pourtant, la suite des événements fait plus sûrement penser à une origine infectieuse. En effet, quelques heures après le début de l’œdème pulmonaire, une fièvre continue apparaît.

    L’œdème aigu pulmonaire du duc de Bourgogne a donc pour origine une pneumonie sévère du lobe inférieur gauche, responsable d’une possible septicémie, en raison de l’extension locorégionale de l’infection à la rate.

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon 

     

     

     

    Cette pathologie l’aurait conduit vers une mort certaine, même si elle avait été identifiée par ses médecins, les moyens médicaux de l’époque ignorant tout de l’antibiothérapie .Une fois que Charles, comte de Charolais fut venu soutenir son père puis constater son décès, et que le défunt fut brièvement exposé au peuple le lendemain , mardi 16 juin au matin, la dépouille mortelle fut confiée aux chirurgiens de l’hôtel ducal qui procédèrent à l’embaumement dès l’après-midi.

    Au XV-XVI s on utilisait des seringues sanitaires, qui permettaient d’injecter des substances dans l’abdomen, à cette époque on pratiquait des trouées, on éviscérait la dépouille humaine et du coup on injectait dans le corps des substances balsamiques, du vinaigre dans la cavité abdominale on frottait, on utilisait aussi de la cendre, du calcaire pour assainir l’intérieur de la dépouille humaine. Puis la plupart du temps on mettait de l’étoupe, du rembourrage pour donner du volume.  

    La partition des organes est motivée notamment par le fait que le souverain défunt puisse occuper plusieurs lieux de ses territoires (ainsi le corps de Philippe le Bon fut par la suite transféré à Dijon, ses entrailles restèrent à Bruges et son cœur déposé dans l’église des Célestins de Paris).

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

     

     

    Le corps embaumé est ensuite placé dans un cercueil de fer en attendant la confection de la châsse de plomb de 502 livres une dizaine de jours plus tard .

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

    Avant de refermer le cercueil, le prince est recouvert de zédoaire, plante originaire d’Asie du Sud dont les fleurs exhalent un parfum intense, et son visage est enduit de baume artificiel, ce qui permettrait de retarder la putréfaction jusqu’à 8 jours.

     Son corps une fois embaumé est alors placé dans le cercueil de fer. Les entrailles et le cœur sont enchâssés.

     Le prince resta exposé dans la chapelle du château jusqu'au dimanche suivant. Charles le Téméraire , son successeur, qui jusqu'alors n'avait porté que le titre de comte de Charollais, donna des ordres pour faire de magnifiques funérailles au noble défunt.

     La commune de Bruges voulut, en s'associant aux dépenses qui allaient être faites, prouver au nouveau Duc la part qu'elle prenait à sa douleur. Pour le jour de la cérémonie, tous les officiers qui se trouvaient en cour, durent avoir de longues robes de deuil avec chaperons à courte cornette.

     Le transport du corps se fit le dimanche 21 juin. Six cents hommes faisaient la haie de l'hôtel ducal à l'église. Tous avaient de longues robes noires, sur le dos et le devant desquelles on voyait, pour les uns, le blason du défunt, pour les autres, les armes de la ville et du Franc de Bruges. Les premiers portaient des torches de quatre livres chacune ; les autres de trois livres, toutes armoriées aux armes du Duc.

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

     

    C'est entre cette double haie de porteurs de torches que s'avançait le cortège.

     Le corps du Duc venait ensuite. Il était placé dans un cercueil de plomb pesant plus de 240 livres.

     Ce cercueil, devant lequel marchaient deux sergents massiers, était recouvert d'un riche drap d'or, doublé de satin noir.

     Une croix de velours blanc, de la même longueur que le drap, était sur celui-ci. Des archers de la garde du Duc portaient le corps de leur seigneur. Seize grands barons soutenaient le drap d'or étendu sur le cercueil qu'ils entouraient de telle façon qu'à peine on apercevait les archers.

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

     

    Derrière le cercueil, on voyait le premier écuyer d'écurie du Duc défunt qui portait l'épée de son maître.

     On voyait ensuite les parents, portant le grand deuil. Ils étaient au nombre de six, marchant l'un après l'autre, et avaient des manteaux et des robes à queue, en fin drap noir, et de grands chaperons en gorge.

     La mort du duc de Bourgogne avait causé une si profonde douleur dans Bruges, qu'une grande partie des habitants avaient pris des habits de deuil. Pendant le temps que la procession mit pour aller de l'hôtel ducal à l'église, vingt mille personnes, tant gens de la ville qu'étrangers, portant des robes noires faites à l'occasion et à leurs frais, faisaient la haie dans les rues ou étaient placées aux fenêtres des hôtels et des autres maisons devant lesquels passait le convoi funèbre.

    C'est ainsi que la dépouille mortelle du duc de Bourgogne, Philippe-le-Bon, fut conduite à l'église Saint-Donat. Celle-ci avait été somptueusement décorée pour les cérémonies qui allaient y être célébrées.

     

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

    La nef était tendue de drap noir; au-dessus de ce drap était de la toile de bougran noire. Tout le tour du chœur était garni, au-dessus des sièges de drap de velours noir; la partie inférieure était tapissée de drap damas noir. Mille cinq cierges brûlaient dans des écuelles de bois,  placées tout autour de l'église. De grands et larges blasons, aux armes du Duc, se voyaient dans l'intérieur de Saint-Donat. Le grand écuyer d'écurie, tenant toujours droite l'épée ducale, s'assit aux pieds du cercueil ; les hérauts et les officiers d'armes se placèrent autour du catafalque et restèrent debout.

     Les prélats prirent place dans les stalles du chœur les plus élevées; leurs crosses furent placées devant eux : les stalles inférieures étaient réservées aux chanoines, aux chapelains de l'église et à ceux de la chapelle du défunt Duc.

    Les principaux barons, chambellans et officiers entrèrent aussi dans le chœur, mais ce furent les seuls qui y furent admis; les huissiers d'armes et les hérauts du duc en gardèrent l'entrée. Les autres officiers se rangèrent autour du chœur et dans la nef avec les porteurs de torches.

    L'église était pleine; bien peu de personnes autres que celles faisant partie du convoi purent y pénétrer, car on tint les portes formées et personne n'entra sans autorisation.

     Les Vêpres et les Vigiles des Morts durèrent « plus de trois ou quatre grosses heures. » 

    II était environ huit heures du soir lorsque les cérémonies furent terminées et que le duc Charles fut reconduit à son hôtel, dans le même ordre que celui suivi pour amener le corps de son père à Saint-Donat.

    Toute la nuit, le cercueil du duc Philippe resta sous son catafalque, qui fut éclairé par un grand luminaire ; la veillée du corps fut faite par les hérauts et les officiers d'armes, vêtus de leurs cottes d'armes.

     Le lendemain lundi, deux premières messes furent dites solennellement par deux évêques, avant la venue du duc Charles, le lendemain vers 9 heures pour une nouvelle messe d’hommages.

     Le service divin terminé, le cercueil où reposait le corps du Duc fut placé dans une fosse creusée et maçonnée devant le grand autel.

     Avant de couvrir la fosse, un héraut d'armes appela à haute voix l'écuyer d'écurie qui portait l'épée ducale toujours la pointe en l'air. A cet appel, l'écuyer baissa l'épée et en mit la pointe sur terre.

    Tels furent les honneurs qu'on rendit aux dépouilles mortelles du petit-fils de Philippe-le-Hardi, du fils de Jean-sans-Peur et du père de celui que l'histoire devait appeler Charles-le-Téméraire.

     Six ans plus tard, son fils, Charles le Téméraire conduisit le corps du Duc défunt à Dijon.

    Le cercueil arriva le 6 février 1473 et fut déposé aux Chartreux de Champmol le 14 du même mois.

    Le 15 juin 1467 : Mort à Bruges du 3ème duc de Bourgogne, Philippe le Bon

    Charles de Bourgogne se contenta de le placer dans un caveau voisin de ceux où étaient les restes de Philippe-le-Hardi et de Jean-sans-Peur ; les dépenses excessives qu'entraînèrent ses aventureuses entreprises ne lui permirent pas de faire élever, ou tout au moins de terminer le mausolée pour lequel Philippe-le-Bon avait acheté le marbre et remis une grosse somme d'argent entre les mains du prieur des Chartreux, somme qui disparut mystérieusement……..

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :